La question de l’eau constitue en Tunisie une problématique, devenue presque chronique, plus particulièrement par les temps de canicule qui courent avec des températures enregistrant, chaque jour, de nouveaux records, ce qui cause des tracas aux diverses franges de la population tunisienne.
Il s’agit d’un phénomène, désormais au cœur des préoccupations du pays dans le sens où il touche tous les citoyens tout en représentant un véritable casse-tête pour l’Etat à tous les échelons puisque les autorités se trouvent dans l’obligation de trouver; une fois pour toutes, des solutions viables et fiables à ce problème qui se complexifie.
Or, le commun des citoyens ne voit, généralement, que le côté apparent du problème en n’en focalisant que les volets qui le touchent de près, en l’occurrence l’eau potable ou encore l’eau de robinet servant à se laver.
Ainsi, l’impression générale veut que le manque provient de la baisse du niveau des barrages, due au manque de pluie au cours des dernières années, ce qui est vrai, en bonne partie, mais ce n’est pas tout.
En effet, la question est beaucoup plus complexe surtout que de nombreux facteurs entrent en jeu y conférant un véritable cachet de crise, de plus en plus généralisée à travers le monde entier à un point tel que la plupart des spécialistes vont jusqu’à dire que l’une des causes de futurs conflits sera probablement l’eau.
En Tunisie, les gens évoquent la rareté de cette précieuse denrée dans les barrages impactant l’eau potable et l’irrigation des terres agricoles nécessaires et aussi vitales pour les produits agricoles.
Cette rareté est appelée, plus techniquement, stress hydrique, un terme qui n’est pas familier aux Tunisiens alors que c’est là où réside le nœud du problème qu’on comprendrait mieux si on le définissait plus simplement.
Il s’agit d’une appellation qualifiant une situation critique dans laquelle les ressources en eau disponibles sont inférieures à la demande ou encore si elles ne sont pas potables.
Toutefois, l’on ne peut évoquer le stress hydrique que dans des cas bien déterminés. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le stress hydrique correspond par exemple à 1 .700 m3 d’eau par an et par habitant alors que la pénurie définit une situation où le niveau de disponibilité varie entre 1 .700 m3 et 1 000 m3. Mais en deçà de cette quantité, on parlerait, alors carrément, de rareté de l’eau.
Si, à titre d’exemple, la France dispose de ressources en eau suffisantes. avec une estimation de l’ordre de 2. 500 m3 à 6. 000 m3 d’eau par jour par habitant, dans notre pays, et selon une étude effectuée par le World Resources Institute, en 2023, la Tunisie est classée parmi les 25 pays les plus touchés par le stress hydrique dans le monde, devant l’Algérie et le Maroc. Quelles en sont les causes, selon la même étude ? On cite, l’augmentation constante de la population, la modification des modes de consommation dont notamment le gaspillage. Sans oublier l’agriculture intensive, la déforestation et la pollution issue des rejets industriels qui participent, pour une grande partie, à la raréfaction des ressources en eau.
Il faut souligner, également, les grands maux des temps modernes, à savoir la multiplication des saisons de sécheresse, des canicules et autres inondations, ce qui accentuerait ladite pression hydrique, tout comme le réchauffement climatique.
Il est utile, surtout, de mettre l’accent sur le «rôle» méconnu de l’agriculture dans la raréfaction de l’eau, dans le sens où les citoyens croient que le problème proviendrait d’une forte consommation de l’eau potable ou d’un gaspillage accru de cette denrée.
S’il est vrai qu’il existe une tendance consistant à ne pas regarder au compteur de la Sonede, que des négligences voulues ou non, il est plus juste de dire aux Tunisiens qu’en réalité, le plus gros consommateur n’est autre que l’agriculture.
Pour remédier, un tant soit peu à ces problèmes, «le ministère a alloué des sommes colossales sous forme de subventions aux agriculteurs pour l’installation de nouvelles technologies d’irrigation, moins gourmandes en eau.
Le problème majeur de cette situation vient essentiellement de la vétusté des infrastructures hydriques qui amènent l’eau à ces agriculteurs générant des pertes considérables. D’où la nécessité de mieux gérer les ressources en eau en adoptant des pratiques d’irrigation efficaces, en favorisant la réutilisation de l’eau et en mettant en œuvre des réglementations pour prévenir le gaspillage.
En tout état de cause, il faut mentionner le chiffre révélateur voulant que l’agriculture accapare près de 80% de la consommation générale alors que l’industrie n’en prend que 5 %, le tourisme 2 %, et le reste — 13 % — va à la consommation et à l’usage domestique.
Comme on le constate, un ensemble de raisons ont conduit le pays à une situation aussi critique, ce qui exige des mesures limitant les causes d’ordre conjoncturel engendrées par l’élément humain dans l’attente de décisions pour éradiquer le phénomène tel que constaté et mis en relief à la plus haute échelle du pouvoir.